Funeraille chez Toradja



Lovely December, le programme de tourisme dans le region de sulawesie du sud a bien termine. et le culte de mort dans le village sereale qui a eu lieu ici,
de 26 decembre-6 janvier 2012.
300 buffles ont ete sacrifie...

ceremonie Funeraire de Ne' Sarrin SIKAMALI'

il faut environ 50 milliards de rupiah de finir toute la série de cérémonies Funeraire ou culte de mort chez ne' SARRIN SIKAMALI'. Toutefois, pour les résidents de Tana Toraja, c'est une forme de culte de leurs ancêtres. de croyants Aluk Dolo (la confiance des gens Toraja avant l'avènement de l'Islam et chrétienne) dans ce domaine.
Cette cérémonie traditionnelle a eu lieu dans le village sereale Mardi 27/12/2012,l'ouverture de funeraille qu'il sa'ppelle Mapalao. les corps de Philippe Tappi ou connus par Ne' Sarrin 'transféré de tongkonan à lakkean appelée par les résidents locaux pour le batiment la plus haut dans le site de funeraille. Lakkean est construit sur le terrain speciale comme un site de cérémonie appelé Rante.
Cette cérémonie traditionnelle réalisée par les résidents de Sereale, district Tikala, Nord Toraja. Auparavant, les corps est garde dans Tongkonan pendant plusieurs Annee avant d'être transféré à Rante. La procession du corps en mouvement est assez unique. Les corps ont été exhibés utilisation Duba-Duba (typique écrin Toraja). En face de Duba-Duba-Lamba Lamba contenue (un long tissu rouge, en face du cercueil le cadavre), et la procession de ma'palao avec ce tissu rouge a été retirée par les femmes.
Alors que le cercueil a été nommé par le mâle. Dans le cortège il ya une séquence qui les premiers sont des gens qui portent un grand gong. Par la suite suivi par tompi Saratu (ou ce que nous sommes familiers avec les bannières), puis suivait tompi Saratu est Lamba Lamba et la dernière avant le Duba-Duba. Les corps a été exhibés à partir de Tongkonan Limbong environ deux kilomètres de l'emplacement de ces cérémonies.
En arrivant à Rante, puis place le corps dans lakean avant d'etre mis dans le tombeau familiale. Le corps fut placé dans la plus haute lakkean. Sur l'étage inférieur il ya une statue du défunt dans une position assise créé aussi étroitement que possible. La statue est faite de pierre sculptée . Lakkean qui ressemble à cette tour est le plus haut bâtiment parmi d'autres bâtiments autour d'elle.
Dans les environs il ya des maison temporaire construit avec de bambou dans une forme de maison traditionnel de Toraja . ca sert comme une résidence, tout les parents qui sont venus. Cette maison temporaire qu'il s'appelle Lantang sont numérotées. Il ya 120 numéros. Famille décédé portent généralement des vêtements noirs. Pendant ce temps, dans Rante dizaines de buffles prêts qui avaient été présentées par les familles et les famille proches des défunts.
Buffles ont été attaché à l'écrou de tige qui a été fructueuse, planté au milieu de Rante . Certains habitants disent, ce terrain est une ancienne école primaire du district du Nord Limbong Sereale Tikala Toraja du nord. L'école est délibérément démoli il ya quelques temps, car il sera utilisé comme un site de cérémonie.
«Après cette cérémonie sera reconstruit. le famille construit un ecole temporaire », et apres le funeraille sera termine, le nouveau ecole sera reconstruit " a déclaré un résident sur site des cérémonies. Après les corps place dans lakkean, en outre, une partie des rituels uniques de la mort est combat de buffle.
Deux animaux sont opposés,les gens du pays appellent Ma'pasilaga Tedong. Ma'pasilaga tedong fait sur le terrain derrière le sol boueux de résidents.
Dans une zone d'environ 50 x 50 mètres. c'est comme ring de boxe, autour de l'arène bordée, de sorte que les animaux ne font pas courir. Barrière a été faite de bambou qui a couru aussi élevée que d'environ un mètre. Il n'y avait aucune tribune ou un endroit spécial pour le public. Le public assis ou debout juste dans la digue ou un monticule de terre. D'autres sont sur un arbre ou de s'asseoir sur le rocher, à la recherche d'un endroit sûr.
Le parfum piquant de boue n'a pas refroidi le public regardé ma'pasilaga tedong ne sont tenues lors de la cérémonie de la mort. La vraie bataille commence. Un à un. Le public a commencé à applaudir. Si un buffle fui l'arène, il est considéré comme perdu. Il ya des dizaines de buffles sont dénoyautées. Alors que l'extérieur de l'arène, certains spectateurs parier de l'argent.
Ma'pasilaga tedong une seule des nombreuses processions sont effectués par la famille endeuillée.
Président de l'Association chef de coutume de Toraja, Pong Barumbun dit, le cérémonie funeraire simbolise par les adhérents Aluk to dolo censée apporter esprits dans le nirvana. «Il ya aussi l'interprétation que le rambu solo signifie de rendre hommage aux parents. Par conséquent, le cadavre est placé dans la première place puisque ce dernier égard, surtout Ne Sarrin une certaine noblesse dans ce domaine », a déclaré Pong Barumbun.
Aluk to Dolo, dit-il, avant l'avènement de l'islam et le christianisme, chaque grand funérailles de haut noblesse sacrifié etre humaine comme esclave. Cependant, avec le temps et l'afflux de missionnaires des Pays-Bas, par la suite la tradition de couper une tête humaine n'est plus effectué, car il était considéré comme inhumain.

"Abattage de la tête humaine est remplacée par les combats de coqs", at-il dit. Pong Barumbun expliqué, la procession de funeraille adapte avec les stratification sociales dans la société. Elle se distingue par le nombre de buffles sont offerts. "Je compte autour 40 - 50 milliards de rupia pour celebrer cérémonie funeraire . Ce nombre est rationnel, car le prix de buffle environ 350 millions rupi pour 1 buffle tachete ", at-il dit.
Un fils de ne' Sarrin , Tappi Yohannes dit qu'il y avait environ 300 buffles sont alimentés par une décharge des parents. En outre, il existe environ 500 porcs qui seront coupés à cette cérémonie. Fils de la loi , JM Lulun Bara a offert sept buffles, chaque valeur d'environ 290 millions rupi . Pour lui, c'est une forme de dévotion à ses parents. «Les buffles acheté 290 millions. Je suis seul responsable de 7 animaux ", at-il dit.

Ne 'Sarrin l'âge de 83 ans est décédé le 8 Mars 2010, mais le cérémonie funeraire celebre à la mi-Décembre 2012., les corps ont été injectés avec du formol afin de rester préservée jusqu'à la cérémonie funeraire. Par ailleurs, le corps va être déplacé de lakkean au cimetière qui est situé sur la colline sculptés.

vous etes curieux concernant le funeraille chez Toradja ???
je vous prie de bien vouloir lire article, par Madame Jeaninne KOUBI:

LA PREMIERE FETE FUNERAIRE CHEZ LES TORAJA SA'DAN

par Janine KOUBI

Les Toraja Sa'dan (1), au nombre de 304.000 environ, sont répartis
dans deux villes (Makale et Rantepao) et dans près de 140 villages ;
ceux-ci sont dirigés par un chef ayant le titre indonésien de Kepala
Kampung, mais s'il a gardé un rôle traditionnel dans VAdat et la religion
il est aussi appelé Parengnge' ou To Parengnge' (2). Autrefois les
hameaux avaient une organisation autonome ; de nos jours plusieurs
hameaux forment un village et celui-ci est rattaché à un des 63 "desa"
ou lembang, regroupés dans 9 kecamatan qui constituent le kabupaten
de Tana Toraja.
La société toraja est très hiérarchisée : on y distingue nobles,
roturiers, et descendants d'esclaves. Ceux-ci sont appelés comme leurs
ancêtres to Kaunan ; avec l'abolition de l'esclavage, ils ont retrouvé leur
liberté mais conservent comme nous le verrons des devoirs envers leurs
anciens maîtres : ils ont en particulier un rôle à jouer lors de la
célébration de rituels importants. Pour ce qui est des deux premières
catégories, leurs noms varient d'une région à l'autre. Par exemple,
seuls les nobles, hommes et femmes, originaires de Sangalla', Makale,
Mengkendek (3) sont appelés Puang (4). En fait, la hiérarchie sociale
est plus nuancée : on distingue à l'intérieur de ces trois grandes classes
des niveaux sociaux intermédiaires où prennent place les individus dont
le père et la mère ne sont pas de même rang (5), la filiation étant
bilinéaire. Pour les Toraja Sa'dan, la famille est un groupe dont les
nombreux membres sont, soit des consanguins en lignes paternelle et
maternelle (6), soit des alliés.
Si cette famille est de haute noblesse, elle habite dans des
tongkonan (ou banua tongkonan): maisons sur pilotis dont le toit est
incurvé ou, dit-on, "en forme de bateau", et les façades décorées de
motifs peints avec un soin extrême. L'ensemble des tongkonan
occupés par les membres d'une même famille est propriété collective de
ces membres ; ce sont "les maisons de leurs ancêtres". Les ancêtres
fondateurs auquels se rattachent ces grandes familles nobles sont des
to manurung, "ceux qui sont descendus", et ce sont ces êtres célestes
qui ont construit les premiers tongkonan. Chaque membre d'une famille
relève donc de plusieurs maisons traditionnelles ; à sa mort, ses parents
auront à décider dans laquelle il sera placé pendant la célébration du
rituel funéraire ; bien que modifiée et simplifiée, cette célébration est
effectuée même lorsque le défunt est chrétien (7).
Les missionnaires protestants sont arrivés à Rantepao en 1911-
1912 ; puis vers 1937, la mission catholique s'y installa à son tour.
L'Islam n'a que peu pénétré et les musulmans du kabupaten ne sont
pas, pour la plupart, des Toraja. De nos jours, la situation du point de
vue religieux est officiellement la suivante : Protestantisme 41%,
Catholicisme 11%, Islam 9%, Agama Bali 39% ; en effet, pour le
gouvernement, la religion tradionnelle est rattachée à la religion de
Bali ; les Toraja Sa'dan ayant conservé le système religieux de leurs
ancêtres l'appellent Aluk To Dolo (8).
Ce système religieux est dualiste : il se compose, d'une part de
aluk rampe matallo, "la religion de l'Est", avec les règles et rituels
qui ont pour fin de se concilier les divinités (Deata) (9), comme par
exemple les rites agraires (aluk pare); et, d'autre part, de aluk rampe
matampiï, "la religion de l'Ouest", liée aux morts et aux rituels célébrés
pour eux. Ces deux parties de VAluk To Dolo sont encore appelées
rambu tuka', "la fumée qui monte", pour les prescriptions associées
à l'Est, et rambu solo', "la fumée qui descend", pour celles de l'Oeust.
Les prescriptions associées à l'Ouest sont multiples, complexes, et
variables d'une région à l'autre. Mais malgré ces variations deux
caractéristiques se dégagent nettement :
— Pour les Toraja Sa'dan, ce qui est exécuté juste avant et à la mort
n'est pas à inclure dans les rites funéraires : couché la tête à l'Ouest
et les pieds à l'Est comme les vivants et au milieu d'eux, le défunt est
considéré comme un malade (to makuW ou to ma'saki'); au moment
des repas, nourriture et boissons sont placées près de lui et cela souvent
pendant plus d'un an ; son décès ne sera véritable qu'au début de la
célébration des rites et il sera alors appelé to mate.
— Il existe diverses catégories de rituels funéraires ; leur nombre et
parfois leurs noms sont différents selon les régions et les informateurs;
par exemple à Kesu'(10) il y en a onze : une catégorie pour les mortsnés
(di kaletekan tallu manuk)(11), un pour les bébés de moins de
quatre mois (disïllï ou lutama kayu), les neuf autres en fonction de
l'origine sociale du défunt : en principe, la classe moyenne ne peut
célébrer un des rituels réservés aux to kaunan, ni les nobles ceux
établis pour les roturiers ; mais en général, le choix se limite à l'une
des trois catégories spécifiques à chacune des classes, et la famille du
mort choisira l'une d'elles si elle peut rassembler pour le sacrifice le
nombre de bêtes prescrit à cette catégorie.
Dans l'énoncé de ces divers rituels, l'accent est mis sur les rites
sacrificiels qu'ils impliquent : certains sont désignés simplement par le
nombre de bêtes à sacrifier ; par exemple la troisième catégorie est
appelée Bai a'pa', "quatre porcs". S'il y a sacrifice de buffle le nombre
de porcs n'apparaît pas (12). Pour la forme la plus élaborée que nous
allons partiellement envisager dans cet article, l'élément sacrificiel revêt
une telle importance que les bêtes à sacrifier sont difficilement
dénombrables : dans cette catégorie, le rituel complet devient un cycle
funéraire dont la célébration s'étale sur plusieurs années.
Réservé à la noblesse et célébré le plus souvent pour une seule
personne, ce cycle se déroule en trois phases: la première fête funéraire,
non consécutive à la mort, une deuxième où le défunt est déposé dans
la sépulture, et enfin une dernière cérémonie commemorative. Nous
nous limiterons à exposer le déroulement de la première fête funéraire,
à partir des données collectées au cours d'un séjour de deux mois chez
les Toraja Sa'dan ; nous en avons vu certaines séquences, et divers
informateurs par leurs récits nous ont aidé à reconstituer celles que
nous n'avons pu observer.
Cette première cérémonie est toujours célébrée après la récolte,
quand les membres de la famille se sont mis d'accord sur la catégorie
du rituel à célébrer, sur la date (13), et sur le lieu de la célébration.
Lorsque la décision est prise, à l'unanimité, une dernière réunion a lieu,
en présence du chef traditionnel, pour valider ce qui a été adopté.
Alors peuvent commencer les préparatifs de la fête : rassemblement
des bêtes nécessaires au sacrifice, construction d'habitations provisoires
autour de la maison (tongkonan) où va être placé le défunt14), coupe
du bois et des bambous utilisés pour la cuisson, préparation du tabac
(sambako), du vin de palme (balo), du café (ka'), et du riz (pare)
offerts aux invités, pour qui le martèlement intensif des mortiers à riz
constitue un signal, ainsi que pour les personnages jouant un rôle
dans les rites funéraires. Les gongs et les tambours ne seront frappés
que juste avant le rituel. Tous ces préparatifs demandent souvent plus
d'un mois ; la fête, elle-même, dure en général de cinq à sept jours
(et nuits).

PREMIER JOUR :

La fête débute obligatoirement lorsque le soleil commence à
décliner (15), par le sacrifice d'un premier buffle au Sud-Ouest de la
maison funèbre. Juste avant la mise à mort, le buffle est frappé avec
une lance (doke) ou à défaut avec un bâton; c'est le rituel de tekkenan
doke qui rappellerait l'ancienne coutume selon laquelle la bête devait
être immolée en étant frappée jusqu'à la mort (16). Puis le buffle non
attaché est tué d'un coup rapide à la gorge à l'aide d'un coupe-coupe
(la'bo); mais si le sacrifiant n'est pas assez habile, un seul coup est
parfois insuffisant ; si l'espace est trop réduit, avant d'être égorgé, le
buffle est frappé aux articulations pour éviter que, la gorge ouverte, il
ne continue à courir (cette course est pourtant très fréquente).
UAluk ne prescrit pas exactement qui doit être le sacrifiant ; celui-ci
est en général un noble et le propriétaire de ce buffle (17). Le sang
est immédiatement reccueilli dans des bambous par des enfants, et
pour eux cela semble être un jeu d'adresse s'accompagnant de
bousculades et de rires. Ensuite la bête est placée sur des feuilles de
palmier, et dépecée collectivement en un temps record.
Ce rite sacrificiel du premier buffle est appelé ma'karu'dusan (18) ;
ru'du signifiant dans la langue sacrée mourir, c'est bien ce rituel qui
marque le passage de la "maladie" à la mort et officialise celle-ci après
une longue période intermédiaire. Il est dit de ce buffle : "II est blessé
en même temps que l'homme" (de mort); sa mise à mort représente
symboliquement celle du défunt. Par suite, le buffle semble être assimilé
à celui-ci : il n'y aura pas d'offrande comprenant des morceaux de viande
de cet animal, ni d'offrande de son sang comme il est de règle après
tous les autres rites sacrificiels ; en outre la famille du mort ne doit
pas participer à la consommation de cette viande.
Avec ce sacrifice commence le deuil alimentaire : interdiction de
manger du riz, et cela en principe le plus souvent pendant un an (ju
squ'aux rites de levée de deuil à la fin de la deuxième cérémonie). Se
soumettent à cet interdit les parents proches du défunt, et certains
to kaunan jouant un rôle dans le rituel, comme par exemple la femme
qui fait cuire la viande, les ignames, et le maïs pour les offrandes au
mort 19) , ou celle qui nettoie la chambre mortuaire. Les personnes
en deuil sont les to maro'2<)). Leur nourriture consiste en maïs, i
gnames, viande légumes et fruits, mais ne pas manger de riz, leur al
iment de base dans la vie quotidienne, correspond pour elles à ua
jeûne et à un sacrifice ; si elles transgressent cet interdit, elles sont
"menacées de folie". Sont des to maro' en particulier ceux qui, à partir
de ce premier rite sacrificiel, doivent être assis près du mort : le ou
la veuve (to balu) et la to ma'pemali (ou to ma'parandan) : soeur, fille
ou nièce du défunt chargée de veiller son parent en permanence21),
de faire respecter les interdits (pemali), notamment de s'opposer à
ce que les personnes mangeant du riz restent près du mort, et de
faire appliquer la règle selon laquelle tout ce qui est consommé dans
la chambre funèbre doit être, au préalable, offert au to mate (nourr
iture, boisson, ou seulement bétel et tabac).
Au village de Balan Tanduk, trois fillettes âgées de 10 à 12 ans
étaient près du mort ; deux d'entre elles avaient un lien de parenté
avec lui et étaient donc nobles, la troisième était to kaunan; jouant
le rôle de la to balu (décédée 4 ans auparavant) et de la to ma'pemali,
elles étaient appelées les to ma'balu'-balu' "les petites veuves". Ail
leurs, on retrouve parfois un tel groupe de trois : les to ma'kuasa,
mais ce sont des adultes et elles existent semble-t-il en plus de la veuve
et de la to ma'pemali.
Après le rituel de ma'karu'dusan et comme pour en souligner l'im
portance, est exécuté devant la maison du défunt le rite de ma'tombi
"dresser les étendards" : de grands bambous auxquels sont attachées
des étoffes (maa}); celles-ci sont considérées comme précieuses :
appartenant dit-on à la famille depuis les temps primordiaux. Selon
un informateur, en dressant ces tombi, on veut seulement rappeler que
le rituel funéraire célébré est d'une catégorie réservée à la noblesse
dont le défunt était issu.
Puis un deuxième buffle est sacrifié ; c'est le rituel sumbung penaa
"accompagner le principe vital" : puisque le défunt est main
tenant bien mort, son principe de vie (penaa ou penawoi), diffus dans
tout le corps, doit quitter celui-ci et le buffle 22) sacrifié va lui server
de guide jusqu'au monde des morts ou Puya ; soit sur terre, soit au
ciel, soit encore à l'intersection des deux, celui-ci est toujours loca
lisé vers le Sud-Ouest et constitué d'un ou plusieurs villages du même
type que celui des vivants, avec pour chef Pong Lalondong 23) . Après
le départ du principe vital, un autre principe apparaît, le "bombo"
"souffle du mort". Ainsi, le cadavre est toujours animé, et le défunt
"assiste" à la poursuite du rituel.
Le mort est alors placé dans la pièce centrale de la maison ou
sali, la tête au Sud et les pieds au Nord et, ce déplacement 24) s'effec
tueen même temps que le rite qui le permet : sacrifice d'un porc.
Un peu de viande et de sang25) de cet annimal est offert au mort.
D'autres porcs sont ensuite sacrifiés et partagés entre tous les assis
tants.
La distribution de la viande des bêtes sacrifiées en ce premier
jour est effectuée en grande partie de nuit, sous la direction d'un
membre de la famille, guidé par le to parengnge' et un intercesseur
important, le to minaa' ; celui-ci n'a qu'un rôle passif ce premier jour:
délégué par le to parengnge' ', il doit être attentif à ce que tout se dé
roule selon les règles que son père lui a apprises étant "celui qui sait".
La part de viande attribuée, et l'ordre d'attribution obéissent à des
normes précises, mais variables d'une région à l'autre ; à Kesu' par
exemple, c'est le noble responsable du rituel agraire, appelé to indo*
pare, "mère du riz", qui reçoit sa part en premier ; puis suivent le
to parengnge', le chef du village26), les autres personnages importants
de la noblesse, le to minaa, ceux qui ont offert les bêtes (pour le cas;
assez rare où ils n'appartiennent pas à une des catégories déjà nomm
ées), puis ceux qui jouent un rôle dans les rites funéraires (parents
et descendants d'esclaves), enfin tous les autres assistants. Ceux-ci
reçoivent une part d'égale importance, en fonction de ce qui reste et
de la quantité destinée à être consommée sur place aux repas.
Ceci reste valable pour toutes les distributions consécutives au
sacrifice. Les modifications qui surviennent sont liées à l'apparition
de nouveaux personnages dans la célébration des rites ou au fait que
le rôle joué par les premiers a été plus important ce jour-là, ou enfin
au fait que parfois certaines bêtes sont réservées seulement aux ac-
leurs du rituel, comme c'est le cas du porc sacrifié pour les partici
pants à la veillée funèbre. Les parts de viande attribuées sont en
général rapportées chez soi, mais certaines règles doivent être respec
tée:s si dans la région habitée le travail agraire a commencé, sous
peine de mettre en danger la future récolte, il faut être attentif au
retour à ne pas emprunter des chemins en bordure des rizières et, à
ne pas consommer de cette viande si l'on a une responsabilité dans
les rites agraires à ce moment là ; si la viande provient de bêtes sa
crifiées pour une défunte morte en couche, les femmes enceintes ne
devront pas en prendre afin de ne pas compromettre la venue de leur
bébé.
Ainsi, l'élément sacrificiel qui est au centre des rites funéraires
•et la distribution l'accompagnant permettent la consommation de vi
ande : le plus souvent dans les villages, on ne mange de la viande,
surtout celle du buffle, que lorsque les bêtes sont mises à mort ritue
llement.
Pendant cette distribution, devant la maison, hommes et femmes
forment une ronde et chantent tout en dansant le chant funèbre ré
servé aux défunts d'origine noble: le ma' badong (27). Puis au fur
et à mesure que l'heure avance, le nombre de chanteurs et danseurs
diminue ; ceux-ci vont s'entasser dans les habitations provisoires, à
moins qu'ils ne désirent participer à la première veillée funèbre (ma'-
doja) dans la chambre mortuaire. Dans ce cas là, ils recevront en
compensation une part du porc sacrifié pour le rituel ma'doja. Ce
rite sacrificiel ainsi que la veillée seront effectués tous les soirs de
cette fête et parfois jusqu'à la seconde cérémonie.

DEUXIEME JOUR :

Ce jour est appelé à l'Est de Rantepao ma'basse, du nom du pre
mier rite qui y est exécuté. Ma'basse signifie "suspendre les tissus" :
autour du défunt sont suspendues toutes les étoffes (samping), les
"sarung" (sambu ou dodo), et les nattes (aile) lui ayant appartenu.
A Balan Tanduk, se détachant sur une étoffe rouge plaquée contre la
paroi, à la tête du défunt, se trouvait une sorte de mannequin le re
présentant, fabriqué avec une de ses vestes sur laquelle avait été
placé son collier (manik ata), que les nobles seuls ont le droit de por
ter ; au mur, à la gauche du cadavre, près des étoffes, un gong (bombongan)
était également suspendu ; sur la droite, au sol, des vanner
iesét aient déposées et sur le mort lui-même il y avait du rotin (uwe)
et des poches à betel (sepu'): une pleine et trois vides.
Les "petites veuves" étaient près du mort : Tune debout, les deux
autres assises derrière la tenture formée par les étoffes suspendues ;
à partir de ce deuxième jour et jusqu'à la fin de la fête, elles (28) ne
doivent rien manger de ce qui est "touché" par le feu, en signe de deuil.
Dans certaines régions, le rituel ma'basse n'existe pas, du moins
pour cette première fête, mais on célèbre un rituel analogue appelé
ma'palangan, "préparer les étoffes" (29): celles-ci vont être utilisées
pour envelopper le cadavre et comme pour le rituel de ma'basse, cette
préparation est sacralisée par le sacrifice de plusieurs buffles et porcs.
Ce rite sacrificiel permet en outre le rituel suivant : mebalun,
"envelopper le mort"; des étoffes sont rajoutées autour du cadavre et
cousues à celles qui l'enveloppaient déjà depuis sa longue "maladie" (30)
de manière à former avec le cadavre un long cylindre régulier, le plus
gros possible : plus celui-ci est important, plus on gardera à l'esprit
que le défunt était quelqu'un de noble pour qui furent célébrées de
grandes cérémonies funéraires (31). Ce rituel est exécuté par un spé
cialiste : le to mebalun (ou to ma'kayo): c'est un descendant d'esclave
ayant hérité de ses parents cette fonction, et cet héritage l'oblige à
ne pas se "mélanger" aux autres : il vit en général près des falaises
où sont creusées les sépultures (liang) et, proscrit du village, il ne
doit y pénétrer que lorsqu'il y a une fête funéraire ; de même, il est
interdit d'entrer chez lui et les membres de la famille du défunt peu
vent seulement jeter des pierres en direction de sa cabane, s'il ne
parait pas avoir entendu le signal du début de la cérémonie ; personne
n'a le droit de l'obliger à assumer sa fonction et parfois, comme à
Balan Tanduk, il ne viendra pas ; dans ce cas là, un parent du défunt
dirige le rituel en faisant appel à d'autres to kaunan et à une personne
issue de la classe moyenne : le to pabalian (ou to ma'lunu) qui
normalement aurait dû être seulement "assistant du to mebalun".
Possédant un rôle dans les rites funéraires ou Aluk Rampe Matampu',
celui-ci est encore appelé le to parengnge' matampu' "chef de l'Ouest"
et ce titre lui confère un certain pouvoir : il existe en effet une croyance
selon laquelle ce"chef" peut provoquer la mort en agitant l'aiguille qu'il
utilise pour coudre les "linceuls", lorqu'il a besoin de sa rétribution :
viande et aussi gerbes de riz. Il doit lui-même prendre la part de
viande qui lui revient et donner au to pabalian les morceaux nécessaires
aux offrandes funéraires.
Pendant le rituel mebalun, le ma'badong est chanté et dansé et le
sera pendant la veillée funèbre ; en outre plusieurs buffles et porcs
sont de nouveau sacrifiés, découpés et partagés. Certaines parts sont
vendues aux enchères pour payer les taxes (sima) sur le sacrifice.
Celles-ci ont été établies, dit-on, pour essayer de limiter le nombre
des bêtes tuées pour les fêtes des morts. Le montant de ces taxes est
fonction de la catégorie et de la grosseur des animaux. Elles sont
inscrites par les militaires sur un cahier, ainsi que les noms des
propriétaires et de ceux à qui les bêtes sont offertes : si la fête est
en premier lieu célébrée pour le mort, elle est aussi pour les survivants
un système de prestations qui permet de créer des liens sociaux ou de
les fortifier et de resserrer les liens familiaux. Arrivés par petits
groupes la veille ou le jour même, ce sont les invités, des parents
n'habitant pas dans le village et des voisins qui apportent ces présents :
buffles (32), porcs, mais aussi riz, ignames, fruits et vin de palme. Dès
leur arrivée, bétel, tabac, café leur sont offerts. Il est difficile de savoir
combien de personnes assistent à cette fête : les invités restent un
jour ou deux et sont remplacés par d'autres ; ils sont en général plus
nombreux (33) le lendemain, troisième jour.

TROISIEME JOUR :

Le matin, un bufflon est sacrifié devant la maison mortuaire. Puis
on dresse à nouveau les étendards (tombi); à côté est placé un bambou
de section plus large surmonté d'une ombrelle (la'lang), celle-ci semble
destinée à protéger un "mannequin" de même type que celui qui
était placé dans la chambre mortuaire la veille : une veste blanche à
petits motifs noirs, un collier, une écharpe ; une large ceinture a été
rajoutée ; elle retient un kriss en or (gayang bulaan) dont le fourreau
(banua gayang) comporte de longues franges. Cette représentation du
défunt, faite par un membre de sa famille, est appelée batélepong.
Puis le gong est frappé et des to minaa montent dans la chambre
mortuaire pour prier (mamgombo ou mangimbo) et réciter l'arbre
généalogique du défunt (kadadian to mate ou ossoran nene').
Le son du gong résonne à nouveau pour signaler la célébration du
rituel ma'batang. Celui-ci se déroule à l'extérieur du village, au Sud-
Ouest, environ 500 m. plus bas. Ce deuxième lieu de célébration des
rites funéraires est appelé rante ("plaine ou plateau") ou pantunuan
"lieu où se fait le sacrifice". En effet, c'est un champ sacrificiel
appartenant à une famille noble (34) . Il est déjà sacralisé par la présence
de mégalithes de dimensions inégales ; celles-ci furent érigées pour
des ancêtres (to dolo ) du défunt : elles sont appelées batu simbuang
"pierre où l'on attache". Mais en réalité, avant d'être lâchés puis
sacrifiés, les buffles sont attachés à des branches de palmier plantées
à côté et parfois maintenues à elles à l'aide d'une corde. Le nom de
ces monolithes souligne toutefois leur association aux rites sacrificiels.
Au milieu du rante une plate-forme est construite, le bala' kayan.
Ensuite plusieurs buffles sont sacrifiés; l'un d'eux est dit taa baine "la
part des femmes" et sa viande leur est réservée. Ces femmes, assises,
la tête couverte d'un chapeau ou d'une étoffe, assistent silencieuses,
au sacrifice.
Avant le partage des to minaa montent sur la plate-forme à peine
achevée afin d'y exécuter le rite de mangrara bala'kayan "répandre
du sang sur le bala'kayan", par le sacrifice d'un porcelet. Ensuite un
des to minaa se couvre la tête d'un grand chapeau conique (sarong)
et célèbre le rituel de ma'karurung : il se lève et s'adresse d'une voix
forte aux divinités (deata) en leur offrant une part de viande et du
vin de palme placé dans des petits bambous : il tient ces offrandes en
tendant le bras, successivement vers les quatre coins de la plate-forme
et au centre : ainsi en fonction de leur localisation sont invoquées les
deata du Nord, de l'Est, de l'Ouest, du Sud et du Centre ; il leur est
demandé d'aider la famille du défunt afin qu'elle puisse poursuivre la
célébration complète du cycle funéraire et y sacrifier le nombre de
bêtes prescrit et si possible beaucoup plus. Les "restes" des offrandes
consommées par ces deata sont distribués à des enfants du haut de
la plate-forme.
Ce rituel de ma'batang annonce au sacré la deuxième fête funéraire
et les intercesseurs sollicitent son aide pour la réaliser selon les règles.
C'est pourquoi il est exécuté dans le rante, principal lieu de célébration
(34) Parfois il est propriété du hameau: des liens de parenté unissent souvent les
habitants d'un même hameau.
de cette seconde cérémonie (35). De retour au village, des porcs sont
encore sacrifiés pour la veillée funèbre en offande au mort. A Kesu',
l'offrande effectuée en ce troisième jour est différente des autres :
trois femmes, les to dïlali sont chargées de prendre des morceaux de
viande provenant des buffles sacrifiés dans le rante et de les faire
cuire avec celle des porcs sacrifiés pour la veillée. Après la cuisson,
le to mebalun place ces morceaux sur la lame de trois sabres (pinai)
et les to dïlalï tiennent ceux-ci un moment au-dessus du cadavre ;
celle qui se place à la tête du mort est d'origine noble et est un
membre de sa famille, alors que les deux autres sont des descendantes
d'esclaves et iront se mettre au milieu et aux pieds du défunt. La
signification de ce rituel semble s'être perdue.
La nuit, est célébré le rituel de ma'patama kayu, "entrer dans le
bois" : le mort est placé un moment dans un cercueil (rapasan); un
membre de la famille est allé chercher celui-ci au pied de la falaise,
dans laquelle sont taillées les sépultures ou (liang). Le rapasan est de
forme allongée "comme un mortier à riz" dit-on, creusé le plus
souvent dans un tronc d'arbre fendu en deux dans le sens de la
longueur. Parfois, comme nous l'avons vu à la falaise de Londa (36),
à une de ses extrémités est façonnée une tête de porc. Le cadavre est
descendu de la maison par trois ou six personnes et déposé dans le
cercueil au Sud. Ceux qui accomplissent ce rituel sont les to untoe
bia' "ceux qui portent les torches" : ils remontent dans la maison munis
de bambous qu'ils allument et redescendent le plus vite possible ; ils
se placent, par ordre de sortie, à la tête du défunt, au milieu et à
ses pieds et tiennent leur torche au-dessus de lui jusqu'à ce qu'elle
s'éteigne. Celui qui voit sa torche éteinte la première apprendra ainsi
qu'il sera le premier des to untoe bia' à rejoindre le défunt, alors que
garder sa torche allumée le plus longtemps est signe de longue vie.
Le feu éteint apparait bien comme un symbole de mort, ce
symbolisme souligné par ce rituel et l'interdit de manger ce qui est
cuit à partir du deuxième jour en signe de deuil (37) est sans doute
à l'origine de l'expression dont la signification semble oubliée : rambu
solo' "la fumée qui descend" qui, comme nous l'avons signalé au début
remplace celle de "religion de l'Ouest" ou Aluk Rampe Matampu'.
Après cette épreuve du feu, les to untoe bia' se lavent la figure
et remettent leur chemise (baju) qu'ils avaient enlevées juste avant
la célébration du rite.
Ce rituel (38) de dépôt provisoire dans le rapasan (cercueil) met
en évidence que pour ce défunt est célébré la forme la plus élaborée
du rituel funéraire : dans ce cas le mort est dit dirapa'i, "étendu pour
se reposer", et cette expression ou le terme rapasan (39) donne son nom
à cette catégorie.
Ce troisième jour est donc une étape importante marquant la
nécessité de poursuivre la célébration du cycle funéraire : comme le
rituel Tna'batang célébré dans l'après-midi, le rituel ma'patama kayu,
exécuté la nuit, annonce la deuxième fête funéraire avant que la
première ne soit achevée.

QUATRIEME ET CINQUIEME JOUR

Le lendemain, des rites sacrificiels sont de nouveau célébrés :
d'abord, sous la maison (sulu'), juste au-dessous de l'endroit où se
trouve le cadavre, le to mebalun ou un autre to kaunan délégué par
la famille, sacrifie un chien en le frappant avec un bâton. Ensuite au
Sud-Ouest du Tongkonan un buffle est sacrifié ; appelé parfois parepe',
il est "un guide vers l'autre monde ou Puya" ; aussi pour faire honneur
au défunt et témoigner à la fois de sa noblesse et de sa richesse, il
sera toujours le plus beau buffle sacrifié lors de cette première céré
monie (40).
Avec ces deux sacrifices, est accompli le rituel de ma'pasusu
"accompagner le mort" ; si tous les animaux sacrifiés suivent le to
mate pour lui permettre d'accéder à l'au-delà et, d'y conserver richesse
et rang social possédés de son vivant, certains sont plus précisément
des psychopompes, comme le souligne le nom du rite. Ainsi ont cette
fonction les bêtes mises à mort lors des rituels de sumbung penaa (41)
et ma'pasusu.
Dans certaines régions, ce quatrième jour est le dernier jour de la
fête, mais, en général, celle-ci se termine le cinquième (42). Donc, ce jour
là, après le rituel de ma'pasusu, ou le lendemain, au Sud-Ouest de la
maison tongkonan et près de la rivière, plusieurs porcs sont sacrifiés
afin de célébrer le rite de ma'bolong (ou mangluluk) "teindre en noir
les vêtements" ; cette teinture réalisée avec diverses plantes, est
effectuée par quelques femmes soumises à l'interdit de manger du rk
(to marc f). En effet, si le deuil alimentaire est de rigueur le premier
jour des rites funéraires, le deuil vestimentaire lui, ne commence
qu'à la fin. On peut pourtant observer au début de la cérémonie des
membres de la famille vêtus de noir : il s'agit de personnes converties
au Christianisme, et on les verra aussi parfois consommer du riz.
Après le rituel de ma'bolong, les to maro' mettront une sorte de
capuchon (pote), ou un bandeau frontal (tali pote ou beke' pote) orné
de petites perles (manik); nous n'avons pas pour le moment d'informat;^
ns sur la signification de cet élément du costume des personnes
en deuil.
Puis pour finir, un porc est sacrifié pour une dernière offrande au
mort (ma'pakande to mate); celui-ci est le plus souvent, placé au sud,
dans le sumbung, sur une petite plateforme, où il sera veillé par la
to ma'pemali jusqu'à la deuxième fête funéraire, célébrée parfois
plusieurs années après (43).
Il n'y aurait pas cette longue veille si le défunt n'était pas d'origine
noble, le type de rituel funéraire étant alors moins élaboré (44), il
comporte une seule fête funèbre (45) ; celle-ci sera différente de celle
que nous venons d'envisager ; notamment, elle se terminera d'abord
par la mise en sépulture (meaa ou ma'peliang) dans une falaise à
l'Ouest du village, à condition que celle-ci ne soit pas réservée à des
nobles (Puang) comme la falaise de Suaya à Sangalla'. Ensuite, par
des rites de levée de deuil et, enfin, par le partage des biens du défunt
en fonction de la participation prise à la célébration des rites.
Mais pour les défunts de haut rang social, le rituel funéraire se
poursuivra par une seconde fête : elle comprendra de multiples rites
et sera plus grandiose que la précédente ; par exemple nous venons
de voir que le nombre de bêtes sacrifiées est déjà important sinon
impressionant ; pourtant cette première cérémonie est seulement
considérée, du point de vue sacrificiel, comme une sorte d'introduction
à la seconde et par rapport à elle. Après les rites de fermeture de
cette deuxième fête, il y a bien partage de l'héritage, lié au nombre
de bêtes offertes pour le sacrifice, notamment distribution des rizières,
mais tout se passe comme si l'acte de propriété définitif n'était pas
encore signé : le pacte avec le défunt comprend une ultime clause :
la célébration au moment de la récolte d'une dernière cérémonie.
Celle-ci marque la fin du cycle funéraire, et c'est également un
rituel agraire (46). Elle se rattache donc à la fois à "la religion de
l'Ouest" et à celle de l'Est. Cette double appartenance soulignant que
le système religieux des Toradja Sa'dan Aluk To Dolo forme un tout,
s'explique par la croyance suivante : à cette dernière cérémonie, le
mort, grâce au culte important que ses survivants lui ont rendu, est
devenu un dieu (deata) ou un ancêtre divinisé (nene* mendeata), et
une grande fête : la fête de Merok (47) saluera son entrée au panthéon.
Cette nouvelle divinité pourra ainsi, à son tour, remplir sa part du
contrat en veillant sur ses descendants et leur récolte.
Légendes des planches hors-texte.